
L'âme de la rénovation, le "vrai" travail, par rapport au bricolage des autres
métiers...
Plâtre et ciment ont ceci de commun que ce sont des poudres qui durcissent
par hydrolyse: alors que pour la plupart des colles et peintures, le catalyseur
est l'oxygène, c'est ici l'eau qui rentre en réaction chimique pour lier les
molécules entre elles et solidifier ainsi la pâte. Ils peuvent ainsi durcir même
complètement sous l'eau. Même, il faut veiller qu'il y ait assez d'humidité pour
que la réaction puisse se faire : on doit abriter un ciment d'un trop fort
soleil, et arroser régulièrement en cas de risques d'évaporation trop rapide.
Attention : plâtre et ciment sont des frères presque ennemis : si le plâtre
adore le ciment, celui-ci ne le lui rend pas: quelques traces de plâtre, et le
ciment ne prendra pas : ne pas mélanger les outils pour les deux matériaux!
Nettoyer les traces de plâtre sur les surfaces destinées à recevoir du ciment !
Ciments
Attention, l'acidité du ciment attaque la peau: mettre systématiquement des gants
étanches ! Seuls les vieux maçons avec une peau de crocodile peuvent s'en passer.
Mais ils risquent quand même à terme de développer une allergie.
Types de ciments
Il existe de différent ciments, suivant leurs caractéristiques, et donc
l'usage que l'on doit en faire :
- Portland : c'est le passe-partout, celui qui sert pour la maçonnerie
générale (mur, dalles, ...), met environ une journée pour être dur, mais atteint
sa résistance nominale au bout d'une semaine (ne pas enlever les étais trop vite
!). Coût : environ 1 fr/kg
- Prompt : ciment à prise rapide (10 minutes environ). Meilleure résistance,
mais au moins dix fois plus cher. Utilisé pour les scellement des pattes d'une
huisserie, des gonds de portail...
- Ciment fondu : ciment de plus grande résistance thermique, pour les
maçonneries de cheminées. Utilisé aussi mélangé au Portland: améliore le liant,
augmente la résistance mécanique et accélère la prise. Utilisé pour alors pour
des enduits et pour les surfaces laissées brutes (exemple: marches extérieures).
- JMeRappellePlusLeNom (en fait dépend des marques): ciment contenant des
additifs limitant le retrait et augmentant l'adhérence pour effectuer les solins
(liaison pierre-toitures) et les enduits.
- Ciment blanc : pour obtenir des couleurs précises (additionné de pigments).
Additifs :
Un ciment ne s'utilise jamais pur (à part des fois le prompt).
- Charges : sables et graviers: Augmente le volume à coût moindre, et limite le
retrait. La granularité est un compromis entre l'épaisseur d'application en le
lissé de surface désiré; Avec uniquement du sable, on obtient du mortier
pour les faibles épaisseur; le mélange sable-gravier (béton)
permet de plus grosse épaisseur en limitant mieux le retrait. Attention alors :
il doit y avoir assez de sable pour combler les espaces entre les cailloux,
sinon la résistance baisse dramatiquement. J'utilise la règle 1-2-3 : un seau de
ciment, 2 seaux de sable, 3 seaux de gravier.
- Armatures : Pour augmenter la résistance mécanique et éviter les risques de
fissuration. Principalement tiges de fer, souvent soudées entre elle en
grillages ou diverses formes en trois dimensions. Mais peut être aussi de la
fibre de verre dans certaines conditions pas trop exigeantes.
- Chaux : sert d'anti-mousse (mais pas très efficace), rend étanche à l'eau
liquide tout en laissant la vapeur d'eau s'échapper (un goretex préhistorique !)
- Ralentisseur : pour éviter une prise trop rapide (voir
dalles béton ).
- Plastifiant : pour augmenter l'adhérence à un autre support, et pour rendre
étanche (solins, sanitaires, piscines, réservoirs...),
- Pigments : pour colorer dans la masse
Préparation :
Il faut toujours mélanger les divers ingrédients entre eux à sec, avant
d'ajouter l'eau. Le dosage de l'eau est toujours très critique, et dépend de
l'utilisation. J'indiquerai dans chaque chapitre la consistance à obtenir.
Voici les différents moyens de se procurer ou réaliser soi-même du béton ou du
mortier.
Livraison: Il faut toujours y songer dès que l'on dépasse 1 m3: La
livraison n'est pas si chère comparé au fait de se faire livrer les ingrédients,
et la qualité finale et bien meilleure (voir dalle
). Votre dos vous dira merci... Le prix de la livraison dépendra fortement du
type de déchargement offert par camion-toupie:
- le camion de base dispose d'une gouttière, qui permet de disposer le béton au
sol jusqu'à environ 5 mètres du cul du camion, en passant éventuellement par une
fenêtre ou une porte
- La camion avec tapis roulant peut faire monter le béton ou le disposer
beaucoup plus loin, mais c'est aussi beaucoup plus cher.
Bétonnière : Je met toujours le gravier en premier, principalement
pour décoller des restes de la fournée précédente, puis le sable, puis le
ciment. Ne pas brasser trop longtemps à sec, car le mélange finit par faire
bloc.
Auge à ciment : A ne réserver que pour les très petites quantités,
tant il est difficile d'avoir un mélange homogène des que l'on dépasse le tiers
de la contenance.
Pelle : J'ai eu un maçon qui ne voulait pas entendre parler de
bétonnière. Je n'ai pas bien compris ses arguments, mais c'est vrai qu'il
arrivait à faire rapidement de grosse quantité. La méthode est la suivante : sur
une large surface libre (le mieux est une dalle de béton, mais on peut aussi
prendre une plaque de contreplaqué), on dispose le sable en un beau tas conique.
On verse le ciment dessus. On plante la pelle pour prendre un peu des deux
ingrédients, et on verse en pluie, pour reformer un cône juste à coté du premier
tas. On "déplace" ainsi le tas 2 fois. Avec la pointe de la pelle, on
écarte la base du cône pour faire une "ceinture corallienne" au "volcan", La
ceinture doit faire environ 7cm de haut, pas plus. On verse de l'eau entre la
ceinture et le volcan: voila le lagon! Puis on fait effondrer un peu de la
montagne dans le lagon, et on surélève la ceinture. Le lagon s'est donc déplacé
vers le centre. On recommence ainsi jusqu'a avoir mouillé l'ensemble du mélange.
On re-déplace encore deux fois le tas pour être homogène, et ouf, c'est enfin
prêt. Avec un peu d'habitude, je mettais 10 min pour faire ainsi une brouetté de
sable (12 pelletés pleines) avec 20-25 kg de ciment ("colle" pour les murs). A
faire en hiver : ça réchauffe!
Remarque : une pelle de maçon est plus petite que celle "classique" de
terrassier. Et je ne sait pas pourquoi, c'est vachement plus facile, ça n'a rien
a voir avec prendre des demi pelletées ! Il peut être aussi très pratique
d'acquérir une "gratte", sorte de balai où on aurai remplacé les poils par une
lame métallique: permet de nettoyer et regrouper les restes de ciments que ne
peuvent prendre la pelle.
Se livrer soi-même: C'est une solution que je n'ai considéré que
beaucoup trop tard. Une remorque non freinée standard supporte 500 kg de charge
utile, donc 1/4 de mètre cube de béton. Donc pour les quantités pas trop
grosses, il vaut mieux aller se chercher directement son béton à la centrale,
plutôt que d'acheter les constituants séparément. On peut donc se passer
d'acheter une bétonnière (moi, de toute manière, je l'empruntais à mon comité
d'entreprise), surtout si on ne sait pas où la ranger.
Seul inconvénient: les horaires d'ouverture de la centrale à béton.
Plâtre
Au début, le plâtre me faisait assez peur, il y a en effet une espèce d'aura
autour du plâtrier, et c'est vrai que recouvrir une cloison de brique d'une
surface absolument plane de plâtre demande peut-être plusieurs mois de formation
continue. Car cela implique le maniement de plusieurs centaines de kg en un
temps raisonnable. Mais le plâtre peut être utilisé en couches plus fines, et il
devient alors à la portée de l'amateur.
Dans mes premières réalisations, j'ai tout fait pour obtenir un fini ni lisse
ni plan (solution du défaut généralisé : finition structurée à la spatule, à
l'éponge ou au pinceau). Puis, en connaissant mieux, je m'attelle au presque
parfait (pour les plafonds)...
Le plâtre n'attaque pas la peau, et le travailler à pleine main est des fois
plus facile, et représente une certaine joie puérile, comme patauger dans la
boue...
Types de plâtres
- Le plâtre "manuel" standard (Targa ou Cercle Rouge) coûte environ 1frs/kg,
et durcit en environ 20mn. Il est assez grossier, et doit être appliqué en
couches supérieures à 1 cm sur un revêtement absorbant (plâtre sec...). Il peut
par contre être mis en couches plus fines sur de la pierre par exemple.
- Le plâtre pour machine : je l'ai découvert par accident, mais ce plâtre
destiné pour les machines à projeter professionnelles possède un énorme avantage
pour les amateurs : il durcit en 2-3 heures! Pour s'habituer à un nouveau geste,
quand on ne sait pas combien de temps on va faire le travail, il est quasi
primordial de ne pas se sentir pressé par le temps. Je me suis trop souvent
trouvé avec une gâchée en train de prendre! Surtout ne pas rajouter d'eau alors
! le plâtre durcira plus jamais! Se hâter plutôt de tout bazarder et nettoyer
tous les outils: entre le moment où l'on détecte le début de la prise et le bloc
de pierre, il n'y a que quelques minutes...
- L'enduit de rebouchage : en fait, je ne sait pas si il y a du plâtre
dedans, mais il rend beaucoup moins son eau, et permet des applications plus
fines sans s'écailler.
- L'enduit de finition : c'est presque une peinture, et dégouline si l'épaisseur
dépasse quelques millimètres. Mais il peut être lissé et re-lissé.
Les outils
Auge : une en plastique suffit largement. je réserve celle en
caoutchouc pour le ciment.
Truelle : j'en ai plus d'une dizaine, mais j'utilise toujours la même :
elle est de forme ovoïde, et d'une surface proche de celle de ma main. Je l'ai
trouvé dans la maison, mais curieusement, je n'en ai jamais vu de semblable en
magasin ! Les autres sont nulles : celles qui ont des angles vifs laissent des
marques, ou s'accrochent dans l'auge. Une taille (surface) de lame bien adaptée à son physique est très importante pour
mélanger efficacement sans fatiguer le bras ni le poignet.
Couteaux et lames : rien à voir avec un couteau de cuisine ! En fait une
plaque d'inox prolongée par un manche. N'est presque jamais trop large ! Je me
suis attaqué aux finis lisses qu'après avoir acquis une lame de 50 cm dans une
foire aux puces...
Platoir : plaque d'inox aiguisée sur les bords, avec un manche qui part
perpendiculairement du centre de la plaque. Surtout utile pour appliquer le plâtre au plafond, et pour
lisser (plutôt grossièrement). Il existe aussi le même genre d'outil avec une
éponge collé sur la plaque. En fait ne sert pas à grand-chose, ne lisse pas si
bien... peut-être pour humidifier le mur ? Mais un pulvérisateur fait mieux !
Sableuse : euh... c'était un essai plutôt désastreux. J'me suis dit que
pour faire le plafond, il serai plus facile de projeter le plâtre. Puisqu'une
projeteuse coûte plusieurs dizaine de milliers de francs, je pensait que cela
serait possible d'utiliser un pistolet de sablage acheté 80 Frs dans un de ces
camions qui vendent de l'outillage sur la place du village... Mais cela crache
quasiment rien, même en mettant le plâtre au dessus du pistolet, dans un
entonnoir. Que dalle. Cela blanchit à peine le mur. J'ai essayé ensuite avec du
sable, toujours aussi nul... Peut-être qu'avec une vraie sableuse?
Pinceau à encoller le papier peint: Je l'utilise pour enduire les murs de moellons, en
laissant le relief des pierres apparent, mais surtout pour nettoyer les outils:
c'est plus rapide et cela ne se bourre pas comme une éponge !
La pratique
La pratique des couteaux et platoirs n'a rien de sorcier, je l'explique dans
finition des plaques de plâtre. Surtout ne pas oublier de travailler avec un outil dans chaque main
Par contre le plâtre est moins évident du premier abord. Au départ, pour qu'il
colle, je croyais qu'il fallait qu'il soit très épais. Mais alors, il colle tout
autant à l'outil, et la moitié s'arrache avec. En fait, j'ai compris le truc
plus tard, il faut du plâtre tout juste assez épais pour qu'il ne reste
qu'environ 1 cm sur la truelle quand on la tient verticale, genre yaourt brassé
(on ne doit jamais appliquer plus de 2 cm d'un coup, et c'est quand même possible avec du plâtre si liquide car la
première projection donne quasi-instantanément de son eau au support, et s'épaissit).
Je remplis mon auge d'eau (environ 1/3 du volume final), puis je jette en pluie
le plâtre dedans (le bol en plastique souple qui contient la semoule du couscous
en boite est idéal pour puiser dans le sac). J'ajoute ainsi jusqu'à ce que toute
l'eau soit absorbée, quelques îlots sec apparaissants. Un coup de truelle très
énergique pour homogénéiser le tout (ne dit-on pas "battre comme plâtre" ?), un
rajout intermédiaire éventuel de plâtre après avoir testé la consistance, et
c'est bon. Sur le sac, il est écrit qu'il faut attendre 2 minutes avant de mélanger,
mais j'ai pas vraiment vu de différence si on ne respecte pas ce temps de repos.
Après ce premier mélange, il ne faut plus trop remélanger, sous peine de perdre de la
capacité d'adhérence.
On nettoie la truelle sur le bord de l'auge, et on la charge d'un peu de plâtre
sur la tranche, et on projette sur le mur : Sblortch! Et ça tient !
Il y a plusieurs gestes possibles pour projeter. Le plâtre doit quitter la
truelle par le bord qui a été chargé.
- Soit on tient la truelle horizontale, on la rapproche du mur à vitesse moyenne,
puis on la recule sèchement : simple, mais on ne peut pas mettre beaucoup de
plâtre, et on contrôle mal la force d'impact.
- On tient la truelle verticalement, parallèlement au mur. On la rapproche du
mur, à la vitesse désirée d'impact. Arrivé tout près du mur, on retire la
truelle parallèlement au mur : la bouse continue tout droit, impact contrôlé.
- Après, si on veut pouvoir mettre plus de plâtre sur la truelle, il faut un
mouvement circulaire pour contrecarrer la gravité et l'accélération, avant de
terminer par le geste d'effacement de la truelle ci avant... Bonne chance !
On notera qu'après quelques essais, j'ai même réussi à projeter au plafond :
c'était entre deux poutres, et je ne pouvais utiliser le platoir (procéder par très
petites quantité; Port du casque bonnet obligatoire)
Bon, après avoir projeté, il faut lisser. Si on travaille en couche épaisse,
il vaut mieux attendre que le plâtre soit un peu épaissi, juste avant la prise.
Si vous voulez quelque chose d'absolument plan, il faut forcement un guide : des
baguettes de bois fixées au mur, sur lesquelles viendra s'appliquer le couteau ou la règle. On
retirera ensuite ces baguettes pour reboucher les trous... Il faut absolument
faire plusieurs couches, les premiers lissages supprimant les quelques crêtes
qui dépassent, c'est tout; Si on lisse de grosses quantités sur une couche
fraîche épaisse, on arrache tout. La première couche doit être assez fine, puisqu'elle a plus de mal
à s'accrocher au support
que les suivantes.
Il faut finir sa gâchée bien avant la prise, et rincer l'auge tout de suite
(ne pas mélanger du plâtre frais avec du vieux), puis on repart pour une
nouvelle gâchée.
Au départ, on maudit ce plâtre qui durcit trop vite; Quand on a compris qu'il
faut travailler en passes successives, cela devient un avantage: On balance la première couche à peu près n'importe
comment sur toute la surface, un coup de règle pour vérifier que rien ne dépasse des guides, on prépare
la gâchée suivante et on peut recouvrir la première couche déjà durcie. Le plus gros boulot est alors de gâcher et projeter, pas
de temps perdu.
Dans ma porcherie (enfin ex-porcherie...), l'étage a été réalisé en béton
coulé sur hourdis (sorte de parpaing au profil spécial, simplement posé sur des poutrelles de béton armé). Les plafonds du
rez-de-chaussée présentent donc une surface de parpaing plus ou moins plate.
J'ai enduit d'une couche fine de plâtre à prise lente. J'applique le plâtre au
platoir, plus ou moins grossièrement, puis je lisse avec la lame large de 50 cm.
Seule la prise lente permet cette méthode, sinon on a toujours des problèmes
quand une application fraîche vient à coté d'une autre durcie, surtout qu'ici je
n'ai mis aucun guide, et que la surface plus ou moins plane est obtenue par
répartition approximative sur toute la surface. Je n'ai presque pas eu
besoin de poncer avant de passer une deuxième couche d'enduit (principalement destiné
à masquer le grain grossier du plâtre). Un coup de peinture appliquée avec une brosse à encoller les
papiers peints, bien chargée de peinture pour laisser volontairement des marques de
pinceau (qui évitent l'effet miroir qui rend visibles les défauts de planéité),
et le résultat n'est absolument pas choquant.